Les recherches d’Eugénio Barba et ses théories de l’extra-quotidien et du « bios » au théâtre
Catégorie : Publications
Principales publications de Marie-Christine Autant-Mathieu sur le théâtre russe et soviétique : ouvrages personnels et collectifs, direction de numéros spéciaux de revues, chapitres d’ouvrages, études et articles parus dans des revues avec comités de lecture, parutions dans des revues nationales avec comité de lecture, ou résultant de colloques nationaux.
A partir de nouveaux documents d’archives, mise à jour des influences orthodoxes (Philocalie) et orientales (Hata et Raja yoga) sur la recherche de K. Stanislavski, notamment sur sa composition d’un système de formation de l’acteur.
Rédaction de pages de synthèse pour le théâtre dans les pays baltes, Ukraine, Russie, Pologne pour Anthologie critique des auteurs dramatiques européens (1945-2000), sous la dir. de M. Corvin, Paris, Editions théâtrales, 2007, pp. 25-36 et 39-44.
De Copeau à Grotowski, de Stanislavski à Vassiliev, la question du mystère de la création scénique, relais ou avatar de la création divine, reste posée. On l’aborde souvent en filant la métaphore d’une représentation assimilée à un rituel, d’un travail théâtral conçu comme une « mission » de la part du comédien-prêtre officiant devant des « disciples » rassemblés dans un théâtre-temple. Les fanatiques d’un théâtre « pur », d’un théâtre « d’art », à vocation éthique voire éducative s’opposent farouchement aux amateurs de divertissements commerciaux, d’activités ludiques et frivoles propres au « star system ». Cette opposition reste vivante, pertinente et d’actualité.
L’objet de ce recueil n’est pas d’alimenter la polémique, en défendant la cause des artistes spiritualistes contre le mercantilisme des producteurs de spectaculaire. Des documents nouveaux, ou soumis à une relecture critique, ont permis de mettre à jour des aspects secrets, méconnus ou occultés d’artistes de théâtre et de cinéma russes. Passée sous les fourches caudines de l’historiographie officielle, l’œuvre de ces artistes présente une image lisse, compatible avec les canons esthétiques et philosophiques en vigueur. Mais dès lors que l’on examine les « hors d’œuvre » (brouillons, notes de travail, journaux intimes, correspondance) l’importante partie immergée de l’iceberg apparaît. La découverte est de taille pour Stanislavski, sacré « père du réalisme socialiste » au théâtre ou pour Eisenstein dont les films ont fait la gloire du cinéma soviétique. La querelle qui opposa les constructivistes aux vitalistes dans les années 1920 s’alimente à des sources souvent gardées secrètes : les nombreux courants occultistes et ésotériques de la fin du XIXe siècle. Certains artistes aux conceptions philosophiques indésirables furent contraints d’émigrer. La plupart s’adapta, enfouissant les documents compromettants dans les tréfonds des archives, feignant de tout renier, tandis que les responsables de leur « héritage » se hâtaient, dans les publications officielles, de balayer les traces compromettantes.
A l’inverse de Stanislavski qui, sous la pression des événements politiques et idéologiques, afficha à la fin de sa vie ses recherches sur la matérialité du corps en essayant de faire oublier son intérêt pour « la vie de l’esprit », Anatoli Vassiliev s’est éloigné peu à peu du réalisme psychologique pour revendiquer aujourd’hui un théâtre spirituel plongeant ses racines dans la philosophie orthodoxe et l’idéalisme platonicien.
Quels qu’aient été les efforts déployés par les matérialistes pour le faire oublier, les sciences de l’esprit, les sciences occultes, la métaphysique ont aussi partie liée avec le jeu qui repose sur l’apprentissage d’une technique mais aussi sur l’irrationnel de l’inconscient créateur, le mystère de l’intuition et de l’inspiration. C’est ce que les études ici rassemblées viennent rappeler.
« Schismatique Vassiliev », in numéro spécial Anatoli Vassiliev. Tradition, pédagogie, utopie, sous la dir. de G. P. Gotti, Théâtre/Public, n°182, Gennevilliers, 2006, pp. 7-12, 9 ill.
« Les paysans russes dans La Puissance des ténèbres de L. Tolstoï », in numéro spécial Tolstoï et les paysans, sous la dir. de L. Jurgenson, Cahiers Léon Tolstoï, n°17, Paris, 2006, pp. 27-44, 3 ill. (actes de colloque)
« Réécriture et censure dans l’œuvre dramatique de M. Boulgakov », in Les Formes de la réécriture au théâtre, sous la dir. de Marie-Claude Hubert, Aix-en Provence, PUP, 2006, pp.233-242 (actes de colloque)
« ‘On dort d’un œil mais de l’autre on veille. L’œil du censeur, l’oreille de l’espion dans le théâtre de Boulgakov », in numéro spécial Surveiller. Œuvres et dispositifs, sous la dir. de G. Banu, Etudes théâtrales, n°26, Louvain, 2006, pp. 135-143 (actes de colloque)
Cet ouvrage résulte d’un travail collectif qui a associé des spécialistes de divers domaines (histoire, cinéma, théâtre), et de diverses origines (États-Unis, Angleterre, Allemagne, Finlande, Italie, Biélorussie, Russie, Pologne etc.).
Les travaux portent sur la période allant de 1906 (réactions à la première tournée européenne du Théâtre d’Art) à 1943 (mort de Vladimir Nemirovitch-Dantchenko). L’influence du Théâtre d’Art est étudiée à travers deux générations d’artistes : la première, qui créa le Théâtre et en fit la gloire, la seconde, qui se forma dans les Studios et dont une partie essaima largement dans le monde. Nous nous sommes limités au contexte européen et nord-américain, lieux de l’immédiate imprégnation et diaspora. Nous n’avons pas tant cherché à faire l’inventaire des pays et des artistes qui ont « importé » les méthodes de formation et d’organisation du Théâtre d’Art qu’à nous interroger sur les causes de cette fascination et sur les voies de la diffusion.
L’ouvrage s’ouvre sur l’analyse de Hamlet, monté par l’Anglais Craig à Moscou, puis aborde successivement les questions de la transmission d’une pratique, de la réception d’une esthétique et d’un mode de travail, des transformations d’un modèle messianique de l’art théâtral et enfin de la diaspora liée aux conditions idéologiques et politiques.
Relevant pour l’essentiel de l’histoire du théâtre, la recherche s’enracine dans l’histoire tout court et touche à l’anthropologie culturelle, à la sociologie ainsi qu’à l’étude des pratiques artistiques.
► Le Théâtre d’Art de Moscou : Ramifications, voyages
de Marie-Christine Autant-Mathieu
« Le critique de théâtre, relais du censeur ? », in La critique, le critique, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2005, pp. 203-213 (actes de colloque)